L'art de composer des vers qu'on a pris aux 14ème et 15ème siècles pour une partie de la rhétorique en l'appelant «seconde rhétorique» se sépare, avec la parution d'ouvrages intitulés «Art poétique» au milieu du 16ème s., de la rhétorique pour devenir un art indépendant, art poétique.
L'art poétique est l'art de seconde rhétorique recomposé de nouvelles conceptions par sa distinction d'avec la «rhétorique vulgaire» d'alors, rhétorique restreinte à la langue vulgaire, qui se divise en deux parties, celle d'avec la «rhétorique» et celle d'avec le «vulgaire».
D'abord, la distinction d'avec la «rhétorique» permet à l'art de seconde rhétorique de s'établir art divin en faisant contraste à la rhétorique, un art séculier. Ensuite, par celle d'avec le «vulgaire», l'art de seconde rhétorique tend à se transformer, de l'art de la poésie en «vulgaire» considérée comme de la poésie de bas niveau à un art de la haute poésie, qui puisse faire la poésie française égaler des anciens poèmes latin et grec.
L'Art poétique de Peletier est un des «Arts poétiques» parus alors, et le seul où ne figure pas le terme «français» dans le titre. L'auteur de l'Art poétique partage avec les autres l'idée que l'art de seconde rhétorique et l'art de rhétorique différent au point d'être séparés. Mais il n'est pas d'accord avec eux sur le fait que l'art poétique ouvre un horizon rétréci par la restriction «français», car la poésie est et doit être avant tout universelle.
Selon Peletier, la poésie française a été trop française, «trop voisine du langage vulgaire» pour ne pas se trouver dans «une enfance et imperfection», et c'est par les conceptions universelles qu'elle a pu devenir grande. Il a donc écrit un Art poétique, qui n'est pas trop «français», avec l'intention «de former ici un Poète pour toutes langues universellement».