L’espace et les zones définies et objets reconnus comme la route et les jarres dans le théâtre beckettien fonctionnent comme un cadre structural qui dirige et oriente les pièces. A partir de là, on peut réfléchir sur la nature du décor (intérieur et extérieur) en tant que base de l’habitation des scènes de son théâtre. C’est-à-dire qu’il est possible de considérer la description du monde intérieur d’un bâtiment comme un espace d’habitation-vie. “L’espace vie-culture” qui est l’univers des sensations est étroitement lié à la parole, à la pensée, à l’action et au sens (toute forme de vie) des personnages. Correspondant à l’intérieur de la maison, il est divisé en trois pièces : chambre, salon et cuisine. C’est aussi un ensemble harmonieux grâce au silence, à l’obscurité, au vide, à l’absence de lumière et au bruit que l’auteur décrit avec minutie. Plus particulièrement, cet espace divisé en deux, soit en lieu public soit en lieu privée et où les différents aspects tels que la manière d’exister des personnages, leur relation avec la réalité qui les entoure, révèlent leur situation. Concernant la relation entre cet espace de vie-culture et les personnages, on relève deux caractéristiques, d’abord il y a l’infirmité des hommes et plus généralement l’image d’immobilité et de rupture des situations. Et ensuite, la personnalité des héros qui s’enferment de plus en plus dans leur maison isolée et vide. Aussi les voit-on commencer par chercher une sorte de lieu de refuge qui peut, même un peu, les consoler de la situation froide, obscure et pénible où ils se trouvent. En somme, le milieu intérieur de la maison délabrée (Fin departie) présente l’image d’un cachot circulaire perpétuel. Plus encore, dans l’espace vie-culture, les processus d’analyse employés nous ont amenés à la conclusion que les personnages beckettiens se retrouvaient enfermés, sans espoir de s’échapper vers un ailleurs qu’ “ici” et qu’ils y demeuraient éternellement.