Pascal voulait ramener à Dieu les incroyants : il réfléchit sur les moyens de gagner les esprits et de toucher les coeurs.
Conversant avec M. de Saci à Port-Royal, Pascal lui montre comment les lectures profanes ont pu l'amener aux vérités de la religion chrétienne. Il a trouvé en Épictète un témoin de la grandeur de l'homme, de la valeur de sa raison ; en Montaigne un observateur avisé de sa faiblesse et de ses misères. L'orgueil guette le premier, comme la lâcheté menace le second. Les deux philosophies cependant trouvent leur conciliation dans le christianisme qui rend compte de cette énigme : la double nature de l'homme. Sans doute Pascal n'a-t-il, au début, pas d'autre but que d'affermir sa conviction personnelle, mais on retrouve sans peine, dans cetEntretien, un des points de départ de l'Apologie.
Enfin les Pensées sont tout entières pénétrées de l'esprit de PORT-ROYAL, et influencées par la lecture de la BIBLE. Cette influence s'exerce de deux manières : il n'est pas de grande idée chez Pascal qui, quelle que soit sa source première, n'ait été ensuite retrouvée dans la Bible et méditée avec le texte sacré. Enfin la Bible parle au coeur et à l'imagination de Pascal. Il vit avec les patriarches, avec les prophètes, avec Jésus-Christ ; on retrouve plusieurs fois, dans les Pensées, l'accent du Mystère de Jésus, et très souvent, dans le vocabulaire comme dans le mouvement de la phrase, apparaît l'influence toujours proche du texte sacré.
L'ouvrage aurait peut-être comporté deux grandes parties : Misère de l'homme sans Dieu, Félicité de l'homme avec Dieu.