Le présent article est consacré à l'examen attentif de deux des concepts-clés de la didactique des langues : le concept deprécision (accuracy) et le concept d'aisance (fluency), en particulier dans le cadre d'enseignement du français dans les lycées coréens. Ces deux concepts ont été mentionnés pour la première fois dans les 6èmes Instructions Officielles du Ministère de l'Eduction Nationale de Corée. Ces instructions Officielles ont souligné l'importance de l'aisance aux dépens de la précision linguistique. Les 7èmes Instructions Officielles qui suivent celles-ci avec très peu de modifications mettent toujours plus d'accent sur l'aisance à communiquer. Notre question de départ était la suivante :Est-ce qu'il est possible et souhaitable de mettre plus d'accent sur l'aisance que sur la précision dans l'enseignement du français dans les lycées coréens ? Pour y répondre, il nous a fallu faire brièvement état des définitions courantes de ces deux concepts car ceux-ci sont trop flous et difficiles à cerner, comme l'ont reconnu bien des chercheurs. Nous avons décidé de partir avec leurs définitions les plus générales afin d'éviter des polémiques inutiles : la précision comme connaissances précises sur la grammaire, le lexique et la prononciation et l'aisance comme habiletés à s'exprimer avec une certaine rapidité et sans trop d'efforts volontaires". Ainsi définies, la précision et l'aisance sont en relation complémentaire et constituent tous les deux les objectifs de l'enseignement des langues. Ce qui nous gêne dans cette réflexion, c'est la priorité de l'aisance. En général, si on a des possibilités de communication dans la langue cible et si on a assez de temps d'apprentissage, on peut accorder la priorité à l'aisance mais si ce n'est pas le cas, on ne peut pas négliger la précision linguistique. L'enseignement du français dans les lycées coréens relève de ce deuxième cas : très peu de francophones et d'heures de cours. D'ailleurs, nous connaissons beaucoup de chercheurs qui sont d'accord pour dire qu'au niveau débutant, il faudrait insister sur la précision de la grammaire, du lexique et de la prononciation : C. Brumfit (1984), D. Byrne (1987), J. Yalden (1987), entre autres. Nous espérons que notre article offre l'occasion de réexaminer la priorité de l'aisance dans notre enseignement du français et incite les chercheurs coréens à s'intéresser plus sérieusement à ces deux concepts-clés de l'enseignement des langues vivantes.