Depuis de nombreuses années, les linguistes observent un changement dans la prononciation de la voyelle nasale /□/. En effet, la plupart des Français ne font plus la différence entre les voyelles de un et pain, /□/ et /□/ respectivement. Donc dans plusieurs manuels de phonétique récents, le système des voyelles nasales en français se présente avec trois voyelles seulement, une antérieure, /□/ et deux postérieures, /□/ et /□/. Le but de notre étude est de chercher à expliquer pourquoi la voyelle /□/ est devenue instable et de présenter son état actuel.
Pour ce faire, d'abord, nous explorons les raisons historiques, phonétiques et fonctionnelles pouvant expliquer la variabilité du phonème /□/. Puis, avec les données obtenues des études précédentes, nous essayons une analyse des réalisations de /□/ à Paris et dans le sud-est de la France où la distinction entre /□/ et /□/ survit. Ensuite nous proposons de considérer ce phénomène dans la perspective sociolinguistique.
On peut dire en guise de conclusion qu'il est vrai qu'on ne prononce pratiquement plus ce phonème de façon arrondie. On voit clairement le déclin graduel très marquant de la prononciation [□]. Mais le phonème /□/ n'est pas complètement absorbée dans /□/, mais présente plutôt des variantes [□], [□] ou [□-□] avec labialisation neutre dans la région parisienne. Dans le sud-est de la France, [□] coexiste avec une variante réduite [□].
Le facteur sociolinguistique semble influencer le choix de la variante de ce phonème /□/. Dans une prononciation surveillée, la variante [□] est encore maintenue. Finalement, pour l'instabilité de /□/, on peut attribuer la tendance au faible rendement fonctionnel de l'opposition /□/-/□/. En réalité, la voyelle /□/ est extrêmement rare en français.