En général, Le Balcon de Jean Genet a été abordé par plusieurs critiques en tant que théâtre rituel. Dans notre étude nous avons essayé de relever les techniques d'"irréalisation" que Jean Genet a employées pour réaliser une théâtralité spécifique. Nous les avons analysées sur trois aspects: jeux de mots, jeux de miroirs, distanciation.
Tout d'abord, étant ni optimiste ni pessmuste sur le langage, Genet manipule les jeux de mots tout en produisant l'équivoque, la destructivité et la créativité de ceux-ci. De ce fait, les mots qui irréalisent la convention sociale nous révèlent la réalité et invitent à rêver de créer une nouvelle société.
Puis, les jeux de miroirs se traduisent par la recherche du moi, laquelle part de la recherche du moi-pour-autrui pour arriver à la recherche du moi authentique en passant par la multiplication irréelle du moi.
Enfin, la distanciation concerne autant les spectateurs que les personnages, ce qui crée non seulement un 'théâtre dans le théâtre' mais un 'théâtre sur le théâtre'.
Ainsi, Le Balcon inaugure un 'théâtre sur le théâtre' qui se déroule en s'objectivant. Paradoxalement, ce procédé s'accomplit en irréalisant tout autant le théâtre que la réalité, de sorte qu'il trahit non le réel mais le vrai. Nous voyons ici la spécificité du théâtre de Jean Genet par rapport à celui de Brecht.