La comparaison des quatre travaux, dont nous pensons qu'ils sont représentatifs dans le domaine d'aspect, a fait voir les différentes définitions et reconstructions auxquelles l'aspect donne lieu, et leur confrontation nous montre combien est difficile le maniement de la notion d'aspect et combien, en dépit d'une littérature surabondante, le statut en est encore peu clair. L'impression dominante que nous avons retirée de notre observation est celle d'une singulière divergence dans la typologie des aspects et celle d'une grande variété dans les inventaires des expressions aspectuelles. Il est certain que tous les travaux ci-dessus se base, explicitement ou implicitement, sur la définition d'aspect dans les langues slaves, spécialement en russe.
Une catégorie verbale a deux modes d'existence : une existence universelle ("sein") et une existence en un lieu ("dasein"). Si l'on admet que l'aspect est une catégorie verbale, il est indispensable que les approches soient orientées dans les deux sens en même temps. De ce point de vue, les travaux sur la catégorie d'aspect en coréen nous semblent être mal équilibrés; l'accent est mis dans presque tous les cas sur le "dasein". D'où vient le statut peu clair de l'aspect en coréen. Notre propos est de rééquilibrer cette situation en prenant le "sein" pour le point d'ancrage et en y mettant plus de poids. Pour cela nous avons adopté l'argument de D. Cohen (1989) stipulant que le fonctionnement de l'aspect se fonde sur le plan où s'oppose une forme exprimant la délimitation (B) à la forme de base (A).