Lancé à l'initiative de Michel Jarrety, professeur à la Sorbonne, le manifeste des enseignants des lettres paru au Monde le 3 avril 2000 proteste contre la réforme du programme de l'enseignement secondaire. L'assassinat des lettres qu'elle s'est proposée de relever est un sujet vraiment discuté au colloque de la Sorbonne de la même année, ce qui présente au moins trois positions à l'égard de la réforme: conservatrice, réformatrice et neutre. Ceux qui considèrent l'enseignement de la littérature comme la transmission des connaissances littéraires prennent position contre la réforme. Ils ont toujours de la nostalgie de l'histoire littéraire, de la dissertation et de la grammaire. Ils croient que la nouvelle pédagogie sous l'influence de l'approche linguistique a abîmé les valeurs essentielles de la culture littéraire. En revanche, les réformistes mettent en avant la communication plutôt que la transmission. Mais Alain Viala, qui est censé défendre la réforme, veut établir l'équilibre entre les contenus et les méthodes. Par ailleurs, Antoine Compagnon qui reste neutre dans cette querelle fait relativiser les institutions de l'enseignement de la littérature et il veut ressuciter la valeur de la littérature. En somme, les trois points de vue résument les problématiques de la querelle au sujet de la réforme de l'enseignement secondaire.
Parallèlement à cette querelle, les institutions universitaires de la Communauté européenne insistent sur les besoins de cohérence entre pays, et elles adoptent le processus de Bologne 1999 qui s'engage à construire un espace européen de l'enseignement supérieur avant 2010. Il s'agit de placer les systèmes nationaux diversifiés dans un cadre commun de référence. Mais le processus met l’accent sur la compétitivé et la mobilité universitaires dans la zone de l'Union européenne. Il en résulte qu'il risque de diminuer les études des lettres, ce qui aggrave la crise de la littérature et celle de son enseignement.
Par ailleurs, au tourant du siècle, il se voit une suite de réflexions sur la littérature et son enseignement. Les réflexions épistémologiques sur la littérature, comme le montre Antoine Compagnon, Alain Viala, Jean-Marie Schaeffer etc., dévoilent les points primordials pour l'enseignement littéraire, ce qui fait explorer les fondements littéraires et les conditions humaines par l'equilibre entre l'homme et la littérature d'un côté, et la méthode et la théorie de l'autre.