La première édition des oeuvres complètes de Chateaubriand parâit chez Ladvocat échelonnées sur six années(1826-1831). L'originalité de cette édition réside dans la conception même de l'oeuvre complète du vivant de l'écrivain et dans sa publication progressive en corrélation avec l'évolution du paysage politique. Constituée de quatre parties, Littérature, Voyage, Politique et Histoire, cette épopée de son temps allait consacrer la marche progressive de l'Histoire. La relecture et réécriture vont dans le même sens, et l'on découvre au fur à mesure des livraisos un Chateaubiand posant peu à peu les matériaux pour ériger le monument de sa vie et de son temps sous le signe du progrès. Jusqu'à l'avant-dernière livraison, tout va vers un dénouement
L'enthousiamse de l'écrivain, qui va crescendo durant les dernières années de la Restauration, s'éteint à l'établissement de la monarchie de Juillet. À son avènement, tout s'écroule et il ne restera que les débris de ce moment pour lequel il a travaillé avec zèle depuis l'année 1826. Dès son achèvement, cette édition préparée avec soin par l'auteur lui-même est malheuresement tombé dans l'oubli et elle y est restée jusqu'à la fin du siècle dernier. Est-ce par les éditions ultérieures à celle de Ladvocat, - entre autres, les éditions Pourrat et Garnier considérées généralement pour celles de référence - qui ont effacé d'une certaine manière les nuances de l'édition Ladvocat ? L'on ne saurait y répondre pour l'instant. Quoi qu'il en soit, ce que l'on peut dire, c'est que les éditions Pourrat et Garnier, prenant l'édition Ladvocat comme celle de référence, ne la reproduisent pas exatement. Elles déterrent les articles que Chateaubriand voulait enterrer, détruisent la structure de l'édition Ladvocat tout en supprimant entèrement ou partiellement les préfaces et les notes de l'auteur. D'ailleurs, pour les textes qui ont paru après l'achèvement de l'édition Ladvocat, ni Pourrat, ni Garnier ne se soucie de les reproduire intégralement dans leurs éditions. Sans pouvoir affirmer que ces éditions ont une part active dans la réception partielle de Chateaubriand qui règnera plus d'un siècle et demi, nous nous contenterons dans cette étude de souliger que toute son oeuvre étant d'une "parfaite intertextualité", l'homme et son oeuvre mériteront une nouvelle considération.