Les surréalistes recherchent le lien avec les arts primitifs tout en illustrant à nouveau les oeuvres de l'Océanie et de l'Amérique précolombienne. Ils les collectionnent et les présentent dans leurs ateliers et les galeries, d'une part pour les éloigner des lieux d'origine, et d'autre part pour les faire entrer dans le contexte surréaliste.
Les surréalistes juxtaposent, dans Révolution surréaliste, les photos des arts primitifs et les textes surréalistes. Ils traitent les oeuvres d'arts primitifs comme des ‘preuves’ de la vision surréaliste. Les surréalistes considèrent l'Océanie comme l'origine du monde, ce qui permet de détourner les yeux des visions anthropo-eurocentriques symbolisées par la Grèce. Ils soulignent les énergies spirituelle et immatérielle des arts océaniques. Tout comme ceux-ci révèlent le pouvoir poétique par la représentation conceptuelle, les arts surréalistes s'attachent aux modèles intérieurs afin de créer l'osmose entre le corps et l'esprit, l'individu et le groupe, le réel et l'irréel, le conscient et l'inconscient.
Ils découvrent dans les arts amérindiens ‘la totalité primitive’ où se confondent l'humain, l'animal, le végétal, le minéral et les choses. Par là, le surréalisme développe la philosophie de l'immanence selon laquelle le réel existe dans le surréel et réciproquement.
Dans Révolution surréaliste, le surréalisme juxtapose les textes surréalistes et les photos des arts primitifs comme si ces derniers étaient les illustrations des textes. Ainsi, le poème de Philippe Soupault et le masque de Nouveau-Mecklembourg juxtaposés rappellent le monde d'origine et le sujet de l'initiation par ces deux oeuvres polysémiques. Le surréalisme crée par là l'esthétique d'une “balance sans cesse affolée” et celle de la “beauté convulsive”.
Par ailleurs, cette revue juxtapose également le texte de Péret, une photo de poupée kachina et une peinture surréaliste issue des jeux de cadavres exquis. Ils symbolisent l'anthropomorphisme qui relie l'extérieur et l'intérieur dans une figure humaine. Celle-ci révèle la beauté “magique-circonstancielle”, beauté surréaliste qui provoque la surprise, le merveilleux et la potentialité polysémique par une rencontre inattendue entre les choses différentes.