Jusqu'au XIIe siècle, le diable, integre à la culture chretienne, est un personnage surnaturel qui est l'objet de speculations theologiques, alors qu'il est un personnage ridicule, presque toujours trompe et bafoue dans la mentalite du petit peuple. Cet etat d'esprit relativement equilibre recule à partir de la fin du XIIe siècle à cause de la montee de la menace heretique, ajoutee à la pression du monde islamique. Ainsi commece le processus de diabolisation des adversaires. Devenu l'explication universelle pour tout ce qui derange le pouvoir spirituel et politique en place, le diable obsède la societe occidentale. Le but de cet article est d'examiner, dans quelques theâtres religieux de cette epoque, quelle est l'idee qu'on se fait du diable au niveau du peuple, quand le dogme de l'existence du diable et de peur commence à être confirme et diffuse par le discours officiel du pouvoir en place. Dans le Jeu d'Adam, compose au XIIe siècle, c'est ‘le diable theologique’ qui, conformement au Bible, fait pecher la première femme et le premier homme et qui les amène à l'Enfer. Or quelque element du ‘diable populaire’ apparaît dejà dans cette oeuvre quand il est predit que le diable sera complètement opprime par la femme, future Sainte-Marie. Dans Le Miracle de Theophile, ecrit vers 1260, celui-ci succombe aux propositions du diable, opposant du Dieu, dont l'image s'adapte toujours, avec la ‘peur atroce’ sentie par Theophile, à l'idee theologique. Or dans cette scène, le diable lui-même dit qu'il etait souvent trompe par les hommes. Cet aspect du diable populaire sera confirme au denouement où Sainte-Marie lui arrache la lettre-contrat signee par Theophile. Cet aspect apparaît le plus clairement dans la farce Le meunier dont le diable emporte l'âme en enfer, ecrit en 1496. Le nombre des diables s'augmente et ils se repandent en paroles injurieuses. Et le diable est battu et outrage même par d'autres diables lorsqu'il retourne en enfer après avoir echoue à emporter l'âme humaine en enfer. On pourrait donc dire que dans la mentalite du peuple, la peur cède la place à une joie profane, contrairement au terrorisme de la culture des elites. Pourtant l'obsession diabolique, qui s'installera indeniablement dans leur conscience à travers la grande chasse au diable, restera desormais à l'interieur de l'homme même après la victoire du scepticisme à l'egard de l'intervention du diable dans le monde. Le Miracle de Theophile nous a dejà montre cet aspect de l'interiorisation du diable quand le conflit du bien et du mal se deplace dans l'âme de Theophile, et ce diable interiorise dominera toujours la mentalite de l'homme.