Le Quart Livre de Rabelais nous apparaît d'abord comme un récit de voyage sans structure précise. Des études approfondies révélent pourtant une composition intentionnelle de l'oeuvre et une distribution symétrique des chapitres dont le centre serait l'histoire d''un monstrueux Physetere'. Ainsi peut-on lire dans les trois épisodes consécutifs sur le Quaresmeprenant, le Physetere et les Andouilles des variations sur le thème du 'monstre' et l'analyse de cette partie nous fait conclure à l'existence d'une symétrie plutôt désquilibrée entre l'esprit du carême et celui du carnaval, la figure de la baleine n'étant qu'une concrétisation de celle du Qaresmeprenant 'invisible'. On y voit même une progression mouvementée de la lutte contre Quaresmeprenant, ce monstre social: l'appréhension de ce monstre comme une étape de préparation pour la lutte, par le moyen de sa dissection verbale qui n'est qu'un exorcisme de la peur; la lutte même contre le corps réel du monstre; la séance récréative après la victoire, avec les Andouilles, semi-monstres, et alliés de l'équipe de Pantagruel. Le Quart Livre laisse paraître ainsi un des fondements de sa signification en nous révélant le vrai visage du monstre, qui n'est que l'esprit aveugle de son temps, volontaire ou non, et son pouvoir déréglé. Le voyage de Pantagruel serait alors une allégorie de l'aventure spirituelle de l'humanisme évangélique en quête d'une vision éclairée de son propre monde.