Cette étude a pour but d'examiner, d'un point de vue littéraire, si la littérature et la religion peuvent se correspondre. La littérature peut se définir comme ‘une histoire de la vie des hommes’. Or l'art tout entier, y compris la littérature, est l'imitation, ‘mimesis de la nature’. Mais qu'est-ce qu'on doit imiter et comment? Les réalistes considèrent que c'est la réalité visible, unique réalité véritable, qu'on doit imiter. En revanche les symbolistes croient au surnaturel au delà de cette réalité visible qui n'est pour eux que l'illusion d'une réalité véritable. Baudelaire considère la nature comme un forêt des symboles que les poètes doivent interpréter. Or le symboliste tel que Rimbaud, voulait d'abord arriver à cet inconnu surnaturel ‘par le dérèglement de tous les sens’. Quant à Baudelaire, il rêvait d'un changement fondamental de l'homme, d'une évasion hors du soi qui aboutit, après la mort, à la renaissance. Ce processus correspond à la perspective de la religion chrétienne. Les motifs principaux de la religion se trouvent dans l'existence du surnaturel et l'aspiration intérieure de l'homme vers le surnaturel. L'homme, qui se trouve à la frontière du fini et de l'infini, peut choisir soit de se contenter du fini comme les humanistes, soit de poursuivre l'infini, le dépassement du fini. Cette volonté du dépassement peut s'expliquer dans le cadre du christianisme comme une aspiration à la grandeur perdue après la chute originelle. Ainsi la littérature et la religion se correspondent dans la poursuite de l'infini, celle-là étant l'accompagnateur et le concurrent de celle-ci.