Dans La blondeur, Cecile Mainardi cherche a nommer l'innommable sous son faux-semblant d'elegie contemporaine. Etant inspiree de la neuvieme elegie de Duino de Rilke, son ecriture poetique porte sur l'ephemere, propre a toute existence terrestre. Comment se tenir face a ce qui nous fuit? A la question qui s'impose, le poete dit "a[voir] invente [ta blondeur] pour que les choses aient un reflet"(La blondeur). Pour "nommer ta blondeur ex æquo"(ibid.), elle met en pratique une sorte de jeu de langage, suggere par Wittgenstein dans ses Recherches philosophiques. Il s'agit de creer un sens instantane a partir de chaque usage des mots dans une phrase, qui seul ressemblerait a une apparition ephemere de la chose. Nommer l'innommable, Mainardi l'assume d'une maniere bien singuliere de penser, surtout de voir. Cela en faisant "le poeme sur les pensee-etoiles-filantes, qui ne retient rien que du somptueusement disparu"(ibid.) et qui finit lui-meme par "[se] porter poetiquement disparu"(ibid.). Sa demarche poetique ne s'en tient pas a une simple ecriture experimentale, mais tente de "se representer une forme de vie" en "se represant[ant] un langage."42) Par la meme, le poete invite a reconsiderer le reel hors de tout prejuge moderne qui a voulu a tout prix lui donner figure. Et hors de toute negativite postmoderne, fascinee par son cote impresentable.