Nous nous proposons, dans cette e´tude, de re´fle´chir sur le nom dans l`autobiographie de Michel Leiris. Depuis que Philippe Lejeune a revendique´, sous le nom du "pacte autobiographique", l`identite´ du nom entre auteur, narrateur et personnage pour de´finir le genre autobiographique, c`est le nom qui nous fait comprendre a` la fois ce genre et le "Je autobiographique" que chaque autobiographe essaie de cerner pour se saisir. Avant d`aborder l`autobiographie, Michel Leiris a de´ja` conside´re´, en particulier dans Aurora, son nom comme un espace ou` se de´roulaient les e´ve´nements a` raconter. Tout s`articulait autour de son nom, ce qui e´tait ine´vitablement lie´ a` la naissance du moi autobiographique. En d`autres termes, Leiris comprenait le double statut du sujet qui e´tait en me^me temps l`objet de sa recherche. Par ailleurs, de`s sa premie`re autobiographie, le nom assume le ro^le mythique. Il ouvre la possibilite´ de rendre sa vie he´roi¨que. Mais L`Age d`homme montre une caracte´ristique inte´ressante : aucun nom re´el n`y apparai^t, tandis que les noms imaginaires y abondent. D`ou` la difficulte´ de se saisir, parce que sans nom, pas d`identite´. Leiris de´sire avoir un nom he´roi¨que, tel que "moi-sondat-au-de´sert" susceptible de cre´er une autre personnalite´ que celle de lui-me^me. Pour reconstruire sa vie, il recourt a` l`acte de raconter. C`est la` ou` nous rencontrons la notion d`identite´ narrative propose´e par Paul Ricoeur. Mais l`originalite´ de l`e´criture leirisienne ne se trouve pas dans la pre´sentation d`une identite´ fixe. Au contraire, Leiris s`e´vertue a` montrer le caracte`re illusoire de son identite´ cre´e´e par l`ecriture, parcs que l`identite´ narrative ne peut e^tre conc¿ue sans identite´ e´thique re´alisable uniquement par l`acte. C`est cette tension entre les deux identite´s qui rend son e´criture sans fin. C`est autour de son nom qu`il construit son identite´ pour la de´construire ensuite, et qu`il fait "l`expe´rience de soi".