Poe´sie, critique. Deux domaines litte´raires que l`on conside`re en ge´ne´ral comme deux exigences diffe´rentes l`une de l`autre ayant chacune le propre qui lui est re´serve´, mais qui ne font qu`un chez Sainte-Beuve. Il y a chez lui une certaine re´ciprocite´ entre la conscience poe´tique et l`esprit critique a` laquelle on n`a pas fait jusqu`a` maintenant suffisamment attention. Au fait, la me^me et seule exigence traverse l`une et l`autre dans l`attitude fondamentale d`un homme de lettres se voulant fide`le a` son entour et contemporain de son temps. Le sentiment de responsabilite´ a` l`e´gard de ce qui l`entoure et les sens aigus d`observation et d`analyse qui forcent non seulement a` rester attentif aux de´tails de la vie quotidienne, mais encore a` y porter l`interrogation infatiguable conduisent a` un re´alisme que l`on pourrait qualifier de´sormais de familier. Ce re´alisme familier que Sainte-Beuve inaugure pour la premie`re fois dans l`histoire de la litte´rature donne naissance tant a` la poe´tique du pittoresque qu`a` la critique d`accompagnement Peindre le monde, c`est l`accompagner sans le trahir. C`est dans la fide´lite´ envers le monde que, la conscience poe´tique et l`esprit critique se rejoignant, l`e´criture cre´e le symbole faisant allusion a` de vrai, ressource et limite de la pense´e par lesquelles celle-ci assume le caracte`re de l` .